Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/200

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Cette jeune fille se nommait Clarisse Blandais ; elle avait dix-sept ans, elle avait quitté Limoges, sa patrie, et était venue à Paris pour être poëte, comme Petit-Jean était venu d’Amiens pour être suisse.

Sa mère, femme raisonnable et philosophe, s’était dit :

— Par le temps qui court, le métier de poëte est un fort bon métier pour les femmes : madame Valmore et madame Tastu ont une célébrité qui ne nuit point à leur bonheur ; elles trouvent dans leur talent de nobles jouissances et de pures consolations ; mademoiselle G***, qui faisait des vers comme ma fille, jouit dans le monde d’une position fort agréable. Mademoiselle Mercœur, qu’on plaignit beaucoup, recevait du gouvernement une pension de quinze cents francs, qui suffirait à ma fille et à moi… Je ne vois pas pourquoi Clarisse, qui est incontestablement poëte, ne trouverait pas les mêmes avantages : elle n’a point de fortune, je la marierai difficilement ; tachons de lui faire un sort par son talent.