Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/210

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comme on aime, sans le savoir, sans le vouloir. Le poëte rime ses rêves pour épancher son âme, sans prétentions, sans demander qu’on l’admire, comme l’homme qui aime fait un aveu pour exprimer ce qu’il éprouve, et jamais il n’est venu à l’idée de celui-ci de dire : J’ai très-bien dit je t’aime, aujourd’hui ; je devais être bien séduisant !

Oui, le véritable poëte est simple comme la vérité, il ne peut avoir de pédanterie ; le pédantisme vit de prétentions, et les prétentions sont incompatibles avec un talent involontaire. D’ailleurs les poëtes sont les grands seigneurs de l’intelligence ; pourquoi veut-on qu’ils aient, comme les pédants, des manières de parvenus ?