Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/42

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haut de quatre pieds huit pouces, employé dans l’Enregistrement. Une position honorable dans le monde, une fortune aisée, des succès dans plusieurs genres, rien n’avait pu le consoler du malheur d’être petit. Depuis l’âge où il s’était avoué qu’il ne grandirait plus, cet homme était malheureux.

Tout ce qu’on imagine pour se hausser à l’œil des autres, il l’avait employé — il portait un chapeau à haute forme, des bottes à hauts talons, et se tenait droit comme une girafe ; il se levait continuellement sur la pointe des pieds, comme un homme qui veut voir défiler un cortége. Cette idée de se grandir le préoccupait sans cesse ; il aurait donné la moitié de sa fortune et plusieurs années de sa vie pour être un homme ordinaire, pour atteindre cinq pieds deux pouces.

Les petits hommes qui se résignent ont quelquefois beaucoup de grâce ; ils ont alors tous les avantages de leur taille, la souplesse, l’agilité, la légèreté ; ils peuvent être ce qu’on appelle gentils. Mais les petits hommes qui se révoltent contre la lésinerie de la nature en-