Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/48

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Aussi était foudroyant. M. Legrand rougit.

— Le voici, poursuivit la méchante personne ; quels beaux yeux ! quel air noble ! Le voyez-vous ?

M. Legrand ne voyait rien ; il avait toujours un monsieur devant lui qui lui cachait tout le bal. — Enfin, il se révolta, il franchit la foule, et, se faufilant çà et là, il parvint jusqu’à la maîtresse de la maison. Tancrède s’approchait d’elle dans le même instant. M. Legrand l’aperçut — il resta médusé. Des ruisseaux de fiel lui parcoururent toutes les veines. La haine, la rage la plus féroce étincelèrent dans ses regards. Il y a des romans où l’on dépeint des nains furieux, des gnomes rageurs — eh bien, c’était cela.

Tancrède s’avança d’un air serein et gracieux, sans se douter que ses destins se décidaient dans ce petit corps inaperçu ; et pourtant, par cette seule présence, tout son avenir venait d’être changé.

En vain il se réjouissait depuis une heure de se voir si bien accueilli, d’avoir pour protecteur un homme qui pouvait, par ses rela-