Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/68

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Il alla donc à l’Opéra. Quand un malheur est sans remède, la sagesse est de l’oublier ; quand on ignore la route qu’il faut suivre, on se fie au hasard, et l’on fait bien. Le hasard n’est hostile qu’aux gens qui négligent pour lui leurs devoirs ; — pour l’homme qui n’a rien à faire, et qui a le droit de chercher des aventures, le hasard est toujours favorable.

On donnait Robert le Diable ce jour-là. Tancrède alla se placer à une stalle de l’orchestre ; mais à peine il était assis, qu’un objet étrange attira ses regards.

Sur le devant d’une loge d’avant-scène se pavanait une canne. — Était-ce bien une canne ? Quelle énorme canne ! à quel géant appartient cette grosse canne ?

Sans doute c’est la canne colossale d’une statue colossale de M. de Voltaire. Quel audacieux s’est arrogé le droit de la porter ?

Tancrède prit sa lorgnette et se mit à étudier cette canne-monstre. — Cette expression est reçue : nous avons eu le concert-monstre, le procès-monstre, le budget-monstre.

Tancrède aperçut alors au front de cette