Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/72

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entendre ce qu’elle voulait dire à un autre. Son rôle était fini, elle lui rendit la liberté.

Pendant ce temps, le bel inconnu jouait aussi sa petite pantomime. Son air parfaitement sérieux — son maintien ultra-respectueux — son regard particulièrement langoureux — exprimaient suffisamment sa pensée.

La jeune femme ne pouvait plus douter de sa victoire ; alors elle fit ce que font toutes les coquettes — après avoir été scandaleusement provoquantes, elles affectent tout à coup une superbe dignité ; mais il faut pour cela qu’elles soient bien sûres qu’on ne puisse pas s’y méprendre ; elles ne hasardent la dignité que lorsqu’elle ne peut plus leur faire de tort.

Or donc, la fière Célimène de la rue de Provence, voyant que son esclave lui était soumis, s’éloigna noblement d’un pas d’impératrice, sans daigner jeter un regard sur lui, mais se disant tout bas, dans sa vanité satisfaite :

— Il a compris.