Page:Giraud - Héros et Pierrots, 1898.djvu/224

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ELIANE (s’oubliant)

Du Racine arrangé par un contrefacteur !
Il se pourrait, Monsieur qu’on sifflât votre pièce.
Cassandre est un puriste ; il adore sa nièce ;
Convenez qu’il aurait le droit, si je voulais,
De vous faire chasser d’ici par ses valets,
Comme un lâche insulteur de femmes que vous êtes,
A grands coups de balai sur votre échine !

PIERROT

Faites.

Vous m’aimez, Eliane !… Eh bien ? Et vos valets ? Je voudrais bien les voir, ainsi que vos balais ! Vous ne balayez pas ?

ELIANE

(Courant vers la forte, puis soudain dans les bras de Pierrot.)

Je t’aime ! J’étais folle !…
Pardonne-moi : j’ai tant souffert ! Je suis frivole,
Coquette ; je n’avais jamais aimé, j’avais
L’âme sèche, l’esprit vide, le cœur mauvais.
J’étais la Célimène inconstante et légère ;
Au véritable amour je restais étrangère,
Et je riais dSs pleurs que l’on versait pour moi ;
Mais maintenant je suis une autre femme ; toi,
Tu comprends cela, tu seras secourable
A la femme vaincue, à l’être misérable