Page:Giraud - Héros et Pierrots, 1898.djvu/56

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Là-bas, c’est la laideur épique de la vie :
Des ouragans d’orgueil, des rafales de chair,
Le sommeil bestial de la force assouvie,
Toutes les lâchetés du sang et de la chair.

Les yeux déveloutés par cette horrible fête,
Les anges, dans la nuit frileuse de leur cœur,
Écoutent longuement, en détournant la tête,
Le cor du nain joufflu leur sonner dans le cœur.

Leurs ailes de regret, leurs ailes irisées,
Vers l’azur matinal désormais interdit
Palpitent sans espoir, plaintives et brisées,
Entre la vie hostile et le ciel interdit.

Et les voici frôlant de nouveau l’herbe amère
Et les lys dans la paix lascive du jardin,
Et leur front virginal ombré d’une chimère,
Interrogeant les lys mensongers du jardin.

Leurs regards ambigus, frères du paysage,
Allument leur feu morne aux richesses du soir,
Et sur les plis pensifs de leur jeune visage
Versent à lents rayons l’anxiété du soir.