Page:Giraud - Héros et Pierrots, 1898.djvu/73

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Garde-moi la ferveur de ton texte pieux
Où des roses de feu, saignantes et cruelles,
Mêlent avidement leurs lèvres sensuelles
Et l’haleine de leurs secrets silencieux ;

Tes bourreaux lamés d’or de la nuque à l’orteil
Qui s’enivrent de voir, sous le vol de leurs flèches,
Les seins martyrisés mûrir comme des pêches
Sur de grands crucifix d’ébène et de soleil ;

Tes anges, et leur grâce ambiguë, à genoux
Pour la communion érotique, si frêles
Qu’ils laissent retomber le luxe de leurs ailes
Sur la honte d’un spasme invisible et très doux ;

Et tes vierges marchant vers de pâles berceaux,
Levant au ciel naïf les yeux de leur faiblesse,
Sans même se douter qu’elles tiennent en laisse,
Au lieu de leurs brebis, d’équivoques pourceaux !