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Page:Giraudoux - Électre.djvu/219

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bouclée, devant sa femme amoureuse et le jeune porte-enseigne. D’autant plus que cela pouvait être un mauvais présage. Cette chute pouvait vouloir dire qu’il mourrait dans un an, dans cinq ans. Mais, ce qu’il trouvait singulier, c’est que son épouse bien-aimée l’eût saisi aux poignets et pesât de tout son poids pour le clouer sur le dos, comme la pêcheuse maintient les grosses tortues échouées, celles qui viennent par le détroit. Elle avait tort. Elle n’en était pas plus belle, ainsi penchée, avec le sang à la tête, et le cou qui prenait ses plis. Ce n’était pas comme le jeune Égisthe, qui essayait de lui tirer son épée, pour lui éviter du mal évidemment, et qui, à chaque seconde, devenait beau, de plus en plus beau. Et, ce qui était extraordinaire, c’est que tous deux étaient muets. Lui leur parlait : Chère femme, disait-il, comme tu es forte ! Jeune homme, disait-il, prends l’épée par la garde ! Et eux étaient muets ; on avait oublié de lui dire