Page:Giraudoux - Adorable Clio.djvu/192

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sergent mystique qui se releva lentement avec sa charge et l’apporta sans se retourner à l’ambulance. Il lui faudra une tombe entière, puisqu’il ne mourra pas comme Blakely dont les pauvres vestiges tinrent dans une boîte à palmers. Ce ne sera pas au crépuscule, comme Drouot ; à midi, comme Clermont. Si Seeger est mort à l’aube, il ne lui restera plus guère que la nuit… Nuit amère, qui se perpétue sous les jours comme un sombre fraisier… Nuit douce, avec son lac, ses loons, nuit sur les paquebots de Sidney, où le monde-univers se tait, où il n’y a plus frottant contre la pensée d’un poète que tout le bruit d’un vaisseau qui glisse… Nuit près d’une source de France, où l’on souffre à peine de sa jambe fracassée, où l’on mâche du cresson… Nuit obscure, avec soudain, au centre, chaque rayon découpé par le velours noir, le soleil !… Heureux qui meurt la nuit !

— Comment est mort Seeger ? Le connaissiez-vous ?