Page:Giraudoux - Adorable Clio.djvu/20

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fut crénelé de tours et de dômes, planton et chauffeur ceignirent leur étui vide de revolver, y firent disparaître leurs bérets, coiffèrent leur casque comme des aviateurs; les autos qui allaient sur Paris laissaient un vrai reflet d’or, contenaient un képi de général : c’était le Grand Quartier, c’était Provins.

Il fallut s’arrêter aux portes. Nous étions à la fin de ce mois où un lieutenant italien avait pu conduire, de Modane au front de l’Aisne, Lina Pellegrini déguisée en matelot, il avait remarqué que les marins, on ne saura jamais pourquoi, pouvaient sans qu’on leur demandât aucun permis aller jusqu’aux tranchées et, dans les tranchées, jusqu’aux sapes. On y trouvait aussi des coquillages. Une heure Lina avec ses jumelles de théâtre regarda la guerre, vit seulement une musaraigne, frémit, grimpa en criant sur le parapet, car un rat passait ; et conduite au colonel, éclata de rire en montrant ses dents qui la dénonçaient plus que n’eût fait chez d’autres femmes la poitrine. Elle avoua