Page:Giraudoux - Adorable Clio.djvu/240

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la tête vers un dirigeable, la baissent tous ensemble pour suivre dans la Seine l’ombre du ballon et répètent, sans se lasser, face à Paris, ce geste de consentement.

Voici que je ne tuerai plus de Bulgares, que j’ai le droit d’aimer les Turcs ; voici que, pour la première fois depuis cinq ans, — car j’ai rendu ce matin mon revolver et mes jumelles à mon dépôt — je me retrouve sans arme et sans rien qui double ou aiguise mes sens, devant les arbres, les passants et les tramways pleins de malice. Voici que mon plus grand ennemi au monde, peu acharné, mais le seul que j’aurai désormais à épier le soir dans les forêts, à surprendre à l’aube près des promontoires, celui que dès maintenant je surveille dans ce miroir de poche comme au périscope, c’est ce Français, c’est moi-même… Guerre, tu es finie !


Comment la guerre commença ? Nous dansions au sous-sol, dans un casino : on annonça la guerre. Toutes les danseuses se précipi-