dans ses bras. Derrière elle, on la pousse — elle rit, se
raidissant — jusqu’au haut des arènes ; elle détourne son
ombrelle vers les gradins de sorte qu’on embrasse un
visage étincelant de soleil. On entend le pasteur, le jour du
mariage, — demain, — vous dire : — Réfléchissez, imprudent
jeune homme, vous avez encore une seconde ; pensez
aux autres femmes, aux brunes, à leur fidélité, et à leur
délire ; à leurs yeux dans les théâtres, à leurs belles joues
qu’on appelle sanglantes… On répond : — Je veux Barbara !
je veux Barbara !…
Mais les enfants autour de nous devenaient insupportables. Perscilla courait vers la maison, en rapportait des mots italiens tout neufs, courait encore, revenant avec des mots français — et l’on devinait qu’elle avait parlé à sa bonne italienne, à l’institutrice française. Puis l’ombre tomba, et Teddy vint s’asseoir entre nous, nous séparant, tout triste, car, sans qu’il le sache encore, il l’apprendra toujours assez tôt, ce n’est pas le jour, malgré ses yeux bleus, c’est la nuit qui lui appartient.
Mae Clyton était plus belle même, disait-on, que Barbara.
Mae avait seize ans. Depuis son enfance, elle vivait chez elle sans jamais être sortie, et souvent désirait mourir. On n’avait trouvé à ce mal qu’un remède : l’amitié. Mais, inconstante, elle détestait soudain, au bout de cinq ou six