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main perdue qu’elle cherchera tout le jour dans ses cheveux ; à ce qu’elle pense un rêve ; à ce jeune homme un peu triste, avec ses yeux, un peu bavard, avec ses villes, mais qui lui tendit les bras dans un costume invisible, qui la pressa — car sa mémoire chaque jour enrichira son rêve — sur son cœur enflammé, dont on voyait vraiment les flammes ; qui la porta à travers une forêt semée de marécages dont on voyait vraiment les vipères et dragons ; qui lui promit de vivre toute la vie près d’elle, de mourir près d’elle, qui avait tué cent Allemands, qui avait pris Constantinople, qui nulle part n’existe et ne soupire, nulle part, hélas ! — qui est moi…