Page:Giraudoux - Amphitryon 38, 33e édition.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

droit, d’où te vient dans l’œil gauche ce rayon hypocrite ?

AMPHITRYON. — Il ne faut pas se regarder trop en face, entre époux, si l’on veut s’éviter des découvertes… Viens…

ALCMÈNE. — Un instant… Il flotte des nuages, en ce regard, que je n’avais jamais aperçus… Je ne sais ce que tu as, ce soir, mon ami, mais à te voir, j’éprouve un vertige, je sens m’envahir une espèce de science du passé, de prescience de l’avenir… Je devine les mondes lointains, les sciences cachées.

AMPHITRYON. — Toujours avant l’amour, chérie. Moi aussi. Cela passera.

ALCMÈNE. — À quoi pense ce large front, plus large que nature ?

AMPHITRYON. — À la belle Alcmène, toujours égale à soi.

ALCMÈNE. — À quoi pense ce visage,