Page:Giraudoux - Amphitryon 38, 33e édition.djvu/68

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MERCURE. — Avez-vous l’idée que vous pourrez mourir un jour ?

JUPITER. — Non. Que mes amis mourront, pauvres amis, hélas oui ! Mais pas moi.

MERCURE. — Avez-vous oublié toutes celles que vous avez déjà aimées ?

JUPITER. — Moi ? Aimer ? Je n’ai jamais aimé personne ! Je n’ai jamais aimé qu’Alcmène.

MERCURE. — Très bien ! Et ce ciel, qu’en pensez-vous ?

JUPITER. — Ce ciel, je pense qu’il est à moi, et beaucoup plus depuis que je suis mortel que lorsque j’étais Jupiter ! Et ce système solaire, je pense qu’il est bien petit, et la terre immense, et je me sens soudain plus beau qu’Apollon, plus brave et plus capable d’exploits amoureux que Mars, et pour la première fois, je me crois, je me vois, je me sens vraiment maître des dieux.