Page:Giraudoux - Amphitryon 38.djvu/163

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Alcmène. — Bien imité, en effet. Une femme habituelle s’y tromperait. Tout y est. Ces deux rides tristes qui servent au sourire, cet évidement comique qui sert aux larmes, et pour marquer l’âge, ce piétinement, là, au coin des tempes, de je ne sais quel oiseau, de l’aigle de Jupiter, sans doute ?

Amphitryon. — D’une oie, chérie, c’est ma patte d’oie. Tu l’embrasses, d’habitude.

Alcmène. — Tout cela est bien mon mari ! Il y manque pourtant l’égratignure qu’il se fit hier. Curieux mari, qui revient de la guerre avec une estafilade en moins.

Amphitryon. — L’air est souverain pour les blessures.

Alcmène. — L’air des combats, cela est bien connu ! Voyons les yeux. Eh ! Eh ! cher Amphitryon, tu avais au départ deux grands yeux gais et francs. D’où te vient cette gravité dans l’œil