Page:Giraudoux - Amphitryon 38.djvu/228

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je veux bien croire que tout s’y est déroulé correctement et loyalement de la part de tous, mais il plane sur elle quelque chose de louche qui m’oppresse. Je ne suis pas femme à supporter un jour trouble, fût-ce un seul, dans ma vie. Tout mon corps se réjouit de cette heure où je vous ai connu, et toute mon âme en éprouve un malaise. N’est-ce pas le contraire de ce que je devrais ressentir ? Donnez à mon mari et à moi le pouvoir d’oublier cette journée, à part votre amitié.

Jupiter. — Qu’il en soit fait comme tu le désires. Reviens dans mes bras, le plus tendrement que tu pourras, cette fois.

Alcmène. — Soit, puisque j’oublierai tout.

Jupiter. — Cela est même nécessaire, car ce n’est que par un baiser que je peux donner l’oubli.