Page:Giraudoux - Amphitryon 38.djvu/230

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tu vas tout oublier, ne veux-tu pas, en un éclair, voir ce qu’est le monde et le comprendre ?

Alcmène. — Non, Jupiter, je ne suis pas curieuse.

Jupiter. — Veux-tu voir quel vide, quelle succession de vides, quel infini de vides est l’infini ? Si tu crains d’avoir peur de ces limbes laiteux, je ferai apparaître dans leur angle ta fleur préférée, rose ou zinia, pour marquer un moment l’infini à tes armes.

Alcmène. — Non.

Jupiter. — Veux-tu voir quel assemblage géant, quel amas formidable est le millième d’un corps humain, de quels milliards d’êtres mourants et vivants il se compose ?

Alcmène. — Non.

Jupiter. — Ah ! ne me laissez pas aujourd’hui, toi et ton mari, toute ma divinité pour compte ! Veux-tu voir