Page:Giraudoux - Amphitryon 38.djvu/233

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ton courage et ton obstination, et comme tu ourdis tes ruses avec loyauté, et comme tu es sincère dans tes mensonges, et comme tu gardes la vertu dans l’outrage, ou l’enjouement dans la catastrophe. Tu m’as attendri.

Mercure. — Elle est allée un peu loin, la jeune femme, avec son piège de l’amitié. Sans faire tort à ses mérites d’amant, je puis vous dire, Alcmène, que l’amitié est la spécialité de Jupiter. Souvent, après avoir abandonné après quelques minutes l’amante pour laquelle il s’était mué en taureau et en cygne, je l’ai vu garder son déguisement des journées, par pure amitié pour des cygnes mâles ou des bœufs, et vagabonder avec eux.

Jupiter. — Mais je me plaisais à te tourmenter, car je t’aimais.

Alcmène. — Pourquoi avez-vous attendu pour m’aimer, Jupiter, que je sois femme ?