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ARMISTICE À BORDEAUX

la balance du travail français commence à pencher doucement vers des forêts ou des ruisseaux, où l’écrivain sent son corps lui revenir, l’ouvrier son esprit. Je lui lègue une guerre perdue, une gloire entachée, mais de quoi rougirait-il ? J’ai toute qualité pour lui léguer aussi, douaires inaliénables, et je les tiens moi-même de Français qui ont été vaincus, qui ont douté, qui ont failli, dans cette faiblesse la justice immanente, dans ce désarroi la croisade. De quoi se plaindrait-il ? Je lui lègue une patrie évanouie qui ne s’animera que de son souffle…

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