Page:Giraudoux - L’École des indifférents.djvu/12

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chiens, déclare-t-il, il se doit de ne point céler qu’ils sont vraiment trop lâches, trop esclaves ; il ne se hasarde guère d’ailleurs à les caresser. Pour ses amis les oiseaux, aux boutiques des quais, il leur fait visite couple par couple. Il félicite l’oiseleur qui dressa son étalage comme une échelle vivante, les poules à la base, les cailles vers le centre, les colibris au sommet. Il caquète : — Rossignols, Rossignols, jamais l’on n’a fait assez remarquer combien peu vous ressemblez aux merles ! Et vous, perruches grises, qui courez à reculons, comme les écrevisses, devenez-vous rouges, sous l’Equateur ? Rossignols, camarades, ne vous battez point de la sorte. Croyez-en le petit homme ; ne vous aveuglez point entre vous : La nuit vient tous les soirs.

Un oiseau lui donne l’envie d’aller sans perdre une minute au Brésil ou au Jardin des Plantes, un fruit exotique lui rend insupportable tout produit que ne cueillirent point des nègres entre les Tropiques et l’Equateur, un chapeau en vitrine lui fait avouer son désir irrésistible de voir une femme et d’aimer. Or voici que nous dépasse une demoiselle aux