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Page:Giraudoux - L’École des indifférents.djvu/126

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129 ECOLE DES INDIFFERENTS

n'aient point à fermer les paupières. Il me suffit qu'elles soient toutes sveltes, qu'elles marchent sans hâte et sans arrêt, qu'elles ne tournent jamais la tête, résignées à tout, étonnées de tout.

— Pourquoi vouliez-vous m'embrasser.*^

— Je ne sais.

Je l'ai embrassée parcequ'elle était la plus éloignée de moi et la plus triste, par tendresse et par repentir, parce que je ne la connaîtrai jamais davantage. Ainsi, quand deux paque- bots se croisent et que les passagers, tous au bordage, s'envoient des signes, chaque jeune homme dédaigne un moment son flirt, et sourit aux jeunes filles inconnues qui revien- nent vers le pays qu'il abandonne, otages de son absence, prendre souci des thés et des repas.

— Oh ! Pour moi, ce n'est point dange- reux! ajoute-t-elle. Je comprends, quand on est content, qu'on embrasse tout le monde.

Chère Française! Elle a compris davantage. Elle a deviné, comme celles de son pays, que les femmes font un sacrilège en recherchant le bonheur, qu'elles doivent l'attendre, sans se plaindre et sans en souffrir. Comme celle» de

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