trop ronde, ses trous fraîchement bouchés au mastic. Il ne résiste plus :
— Lune, déclame-t-il, sablier de lumière qui t’emplis et te vides à chaque saison. Lune chaste, seul astre honnête…
Le soleil entend tout cela. Et aussi le garde des Tuileries qui hausse les épaules. Je m’écarte d’Etienne, insensiblement.
Singulier ami ! À mesure que je m’éloigne de lui, il me semble moins le connaître ; un jour passé sans lui me le rend presque indifférent. Notre amitié ne se creuse point, ne se prolonge point en nous par des racines que chaque jour dédouble. Rien ne s’est modifié en moi du fait que je vis près de lui, si ce n’est que j’ai gagné, pour juger et animer le monde, son ironie, son lyrisme et son humour commodes. Nous avons échange quelques bibelots : mes porte-plumes habitent maintenant son pot-à-tabac Louis XVI que mon encrier de faïence a remplacé. Nous avons échangé quelques manies : il a été maréchal des logis aux dragons, à son école j’ai appris à me baisser dans la rue pour ramasser les clous et les tessons qui blesseraient un cheval