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Page:Giraudoux - L’École des indifférents.djvu/167

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LE FAIBLE BERNARD

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��n'oubliait pas de plaindre, comme il est naturel, ceux qui restent. Quand elle aper- cevait un baptême, elle était joyeuse. Sa joie d'ailleurs, comme son deuil, avait des délais précis. Et, auprès d'elle, les gens n'étaient plus une confusion de défauts et de qualités. Tls semblaient n'avoir qu'une caractéristique. Ils devenaient leur propre personnification. Elle les pesait et les jugeait d'un regard, ainsi qu'on pèse, dans les magazines, les nations alignées les unes auprès des autres, selon leur production de maïs ou de cuivre, la première géante, la dernière presque invisible- Si Bernard l'intriguait, c'est qu' il y avait vrai- ment en lui quelque chose d'attirant, ou de mystérieux. Il en doutait. Il attendait la réponse avec impatience.

— Vous pouvez parler franchement, Do- lorès. Une vérité ne me blesse point. Elle passe en moi sans que je m'en aperçoive, fût- ce par le cœur. Je ressemble aux enfants qui ont avalé une aiguille. Elle fait son chemin et sort toute seule.

Si Dolorès le blessait, il avait d'ailleurs le recours de savoir que les jugements de Do-

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