LE FATBLE BERNARD 1 89
fossette, juste un grain de beauté; juste cette respiration ordonnée dont chaque lialeine senih>le durer un tout petit peu plus long- temps que l'haleine de tout à l'heure, si bien que l'on imagine un jour pour lequel une seule aspiration suffira... Il faisait déjà sombre. La seconde veille commençait et les poules, sur leur perchoir, changeaient de patte pour la première fois. Un seul rossignol suffisait à annoncer l'automne, la nuit, la forêt, le silence.
Serait-ce enfin celle-là qui comprendrait son désir, son simple désir. Ce qu'il voidait était pourtant bien facile; 11 voulait qu'une femme rencontrée, sans qu'il eût à la solli- citer ou à la contraindre, vînt se placer d'elle- même à son côté, marchât en souriant, lui obéit; que la voyageuse du coin, dans le wagon, s'approchât, se pelotonnât contre son épaule, lût à son livre... Les Roumaines, les Russes, dit-on, saluent ainsi le bonheur, s'arrêtant une minute à tout détail qui peut devenir le premier souvenir d'une passion. Serait-ce enfin celle-là, avec ses yeux qui louchaient à peine?
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