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Page:Giraudoux - L’École des indifférents.djvu/53

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JACQUES l'Égoïste ^9

semble l'avoir piétiné, distribue aux jeunes gens /les miroirs damnés où l'image de l'inconnue s'anime selon les heures. Elle s'enfuit...

Toujours étonnée et fervente, toujours tranquille et attendrie, madame de Sainte- Sombre me tend la main. Avec ses yeux immenses, elle ne peut pourtant regarder que de face. Chaque fois qu'elle dit un mot, elle tourne vers moi un visage éclatant qui vacille encore une minute après le moindre sourire, comme un rameau d'où l'oiseau vient de s'envoler.

— Vous arrivez à temps, me dit-elle, je pars ce soir pour le Midi. Vous m'accompa- gnez à la gare. Prenez votre thé. D'où venez- vous .^^ Qu'avez- vous fait hier, avant-hier, et tous ces trois mois où vous étiez invisible .►^

Elle interroge avec tant d'intérêt, si dispo- sée à croire des choses inouïes que j'ai honte de ma vie où il n'arrive rien et qu'à chaque visite j'invente une aventure : l'aviateur qui s'est tué était mon ami, il devait me prendre à son bord aujourd'hui même; j'arrive en retard parce que je me suis colleté avec un

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