Page:Giraudoux - L’École des indifférents.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

66 ÉCOLE DES INDIFFÉRENTS

grande nef chargée de neiges, dont les sergents de ville s'avertissent entre eux par le son des bâtons de buis, vous êtes encore les jouets de la nature. Vos narines savent frémir, n'est-ce pas ? Vos oreilles remuent encore. Dès qu'il vente, vous tournez selon le vent. Et l'on voit, Miss, quand vous pensez. Une petite buée se forme alors sur vos yeux et y découpe un carré de mousse, comme le sucre qui fond dans le thé. Tenez! A quoi pensez-vous ?

— Vous aimez votre pays.**

— C'est le seul grand. Vous ne vous en doutez guère là-bas .^^ C'est le seul achevé. Nous n'avons plus comme vous à rajouter de temps à autre une étoile à notre drapeau ou à notre ciel.

J'épouserai Miss Spottiswood. Nous aurons un petit hôtel, avec un jardin, où elle rece- vra les dimanches, de grands laquais qui ne nous quitteront point, un boudoir oii j'accro- cherai le Rubens de Madame de Sainie-Som- bre, si elle ne m'oublie pas dans son testa- ment. La bohème de l'amour et de la famille en sera bannie. Nous dînerons l'un en face

�� �