Page:Giraudoux - La Première Disparition de Jérôme Bardini.djvu/23

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nement ce qu’il avait le moins entendu de soi-même, le moins écouté aussi, ce qu’il sentait de plus indépendant de sa vie. Il parla encore, face à la campagne, pour ne pas réveiller sa femme.

— Tout cela est fini, fini !

Il s’était entraîné à la pensée de son évasion, de son assaut sur l’inconnu comme à celle d’un véritable assaut. Il s’était massé, soigné. Il avait évité tout rhume, toute égratignure. Il s’était rasé avec plus de précaution. Il ne voulait pas reparaître dans une nouvelle existence avec des tampons d’ouate ou du sparadrap apportés de l’ancienne. Il avait même fait quelques exercices de gymnastique. Sa femme s’en réjouissait. Elle lui avait souvent reproché de se laisser rouiller. Elle avait même voulu l’imiter. Mais voir cette femme s’entraîner pour répéter avec plus de force les mêmes gestes, dire avec