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Page:Giraudoux - La Première Disparition de Jérôme Bardini.djvu/26

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éprouvait la même peine, et la même satisfaction. Il avait tellement redouté qu’êtres et choses, ce matin fatidique, à ce dernier réveil, lui apparussent soudain dans une lumière fraîchement inventée, sous un aspect inusité. Pour la lumière il était fixé, rassuré. À trois cent mille kilomètres à la seconde, l’immuable aveuglait les regards de Bardini. Voilà qu’il l’était aussi pour Renée endormie, — on ne voyait pas les yeux, mais il en répondait, — pour Renée sans fard, mais ointe et maquillée de connu, dont le souffle imperceptible atteignait le tympan de Bardini plus durement qu’un ronflement sonore. Pas un jour de sa chemise, pas un pli de ses paupières, pas un feston de son sommeil qui fût nouveau. C’était à douter du tréfonds du sommeil, à douter de l’inconscience… Ce qu’il y avait malgré tout de plus neuf dans cette maison,