Page:Giraudoux - La Première Disparition de Jérôme Bardini.djvu/50

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dans sa vie et que rien n’était assuré.

Il répondait à toutes ses questions par un geste d’indifférence, refusant de pénétrer dans cet avenir qu’ouvrait Renée de toutes ses forces, contraint de lui apprendre que le bois pour l’hiver n’était pas commandé, que la femme de chambre de Fontranges n’avait pas reçu mission de trouver pour eux une cuisinière. Cette absence de domestiques apparut soudain à Renée comme un gouffre, comme une coupure dangereuse dans la trame de leur vie. Lui se reprochait d’avoir été maladroit en n’entretenant pas jusqu’au dernier jour cette existence qu’il allait quitter, Renée demain allait trouver tous les souliers de son mari éculés, les cartouches de la chasse épuisées, les chiens avec des puces : toutes les preuves de la préméditation. Elle s’était levée pendant qu’il réfléchissait, les yeux perdus. Il avait laissé passer l’occa-