Page:Giraudoux - La Première Disparition de Jérôme Bardini.djvu/73

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de fer, comme les aviateurs, les inventeurs… Un martin-pêcheur passa… Il sourit en pensant à son itinéraire invariable, à son âme d’oiseau remontée comme une montre. Il se rappela, enfant, avoir chanté à l’école un hymne à la liberté dans lequel la liberté était la Suisse. Parlons-en des Suisses, au pas gravé par l’habitude dans les grès des Alpes, aux maisons de bois fixées sur les sommets comme des arches où Noé aurait continué à habiter, libérés certes de Gessler, mais si peu libérés de l’hiver, du protestantisme, de l’altitude ! Il se releva, s’étendit à nouveau. N’allait-il bien profiter de la liberté qu’étendu ou assis malade de liberté ? Le soleil encore haut détachait de lui une ombre plus maigre, moins agrémentée que son ombre habituelle. Soleil qui ne marquait plus d’heure pour lui, qui tournait à vide pour un être sans naissance et sans mort. Jamais il

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