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Page:Giraudoux - Ondine.djvu/62

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JEAN GIRAUDOUX

gardez cette morsure à mon bras, mes parents, c’est lui qui l’a faite !

LE CHEVALIER

Vous n’en croyez rien, braves gens ?

ONDINE

Je serai ce que tu as de plus humble et de plus beau, disait-il. Je serai tes pieds nus. Je serai ce que tu bois. Je serai ce que tu manges… Ce sont sela propres paroles, mère ! Et ce qu’il fallait faire pour lui ! Passer la fournée jusqu’à minuit a l’éveiller, mourir pour lui dans la minute qui suivra sa mort !… Me l’as-tu demandé, oui ou non ? Et pendant ce temps, ils ont dans le cœur l’image d’une espèce de démon en cirage qu’ils appellent leur ange noir…

LE CHEVALIER

Chère Ondine !

ONDINE

Tu es ce que je méprise, tu es ce que je crache !

LE CHEVALIER

Écoute-moi…

ONDINE

Je le vois d’ici, l’ange noir, avec son ombre de moustache. Je le vois tout nu, l’ange noir, avec ses franges en poil. Ce genre d’ange noir