Page:Giraudoux - Provinciales.djvu/178

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pas au monde que le bésigue, et le soleil, et notre France, — mais qu’il y a encore l’Italie, qu’il y a le Tyrol ; qu’à quatre heures de chemin de fer, s’étalent des lacs merveilleux, assez profonds pour que des pics de douze mille pieds s’y mirent jusqu’à la cime ; avec des échos que l’on poursuit à coups de pistolet, et qui se cabrent, et qui se traînent aux flancs des rochers comme des chamois ; avec des vues panoramiques de la retraite de Bourbaki, où nos chers petits soldats ressemblent, sous leurs énormes pompons vert pomme, à des fils de Guillaume Tell. L’orage qui s’amoncelait sur la droite vous effrayait à peine, et vous ne vous seriez pas levé de votre pliant, si la plus belle femme du département, les paupières abaissées sur ses yeux trop prometteurs comme des feuilles de vigne, si la plus belle femme du monde était passée.

Or, elle passa, sur le sentier qui borde la terrasse, les bras chargés de bruyères qu’elle secouait pour faire tomber les fleurs fanées. Et sa gorge royale se soulevait moins au rythme de ses poumons qu’au rythme de son cœur.

— C’est la nouvelle pharmacienne, annonça le contrôleur, d’une voix sans timbre, comme