Aller au contenu

Page:Giraudoux - Provinciales.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le buisson qui séparait les champs de la chaussée, mais il avait oublié que les fossés de ce canton ont vingt centimètres de plus que les siens. Il tomba ; sa tête butta contre le gazon, et il resta là inerte : son cœur continuait à battre, comme une pendule dans une maison abandonnée.

Quand il rouvrit les yeux, il était dans le salon de la villa, étendu sur une chaise longue. Il y avait à sa droite Marie-Louise, à sa gauche Coco Rebecque, à sa tête, Hélène, son ancienne maîtresse, qui faisait des journées chez les riches voisins, et il ne s’en étonnait pas, de même qu’un mineur qu’on retire du puits après l’accident ne se demande point pourquoi sa famille entière s’est réunie. Et les trois femmes se souriaient, désormais rassurées, comme trois cousines, quand leur cousin a perdu son unique sœur, et qu’elles se sentent à jamais ses plus proches parentes.


FIN