Page:Giraudoux - Siegfried et le Limousin.djvu/226

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Chats et le palier du Nombril de Charles, nous forâmes dans le Palais, aux parties non protégées par la nacre, l’onyx et l’encaustique des préraphaélites munichois, un terrier sans honneur. Les hublots nous laissaient parfois apercevoir dans le salon du Grand Casimir, dans la cour papale, des groupes bavarois à la recherche de Zelten, que la famille Wittelsbach, vieille Atalante, déroutait ou ralentissait par des parquets trop glissants ou par des mosaïques. Pas de rencontre, à part celle du concierge à casquette galonnée, casquette qu’il souleva, sachant par expérience que tout ce qui sortait depuis quelques années par l’escalier de service avait infiniment plus de chance d’être princier que ce qui entrait par l’escalier d’honneur.

Je passai la journée à chercher Kleist qui n’avait pas reparu à Nymphenbourg. Ida croyait qu’Eva de Schwanhofer l’avait conduit à Oberammergau, à sa villa. Il paraissait d’ailleurs impossible d’aller ailleurs, tous les moyens de transport étant réquisitionnés ou par les contre-révolutionnaires, ou par le service de la Passion. Le lendemain, vers deux heures, je fus déposé à Oberammergau.

La représentation commençait et j’eus de la peine à l’éviter. Les archers de Dieu rabattaient vers les guichets du Calvaire. Mais ma curiosité ne les aidait point, car j’étais venu ici en 1905, pour cette répétition générale qui précède de cinq ans la représentation… La Passion d’ailleurs doit être la seule œuvre dramatique qui supporte cet intervalle… Arrivé par la montagne, avec des bandes de tyroliens abhorrés des cantonniers, car leurs bâtons ferrés crevaient les routes, j’avais eu la chance d’être le voisin du nonce,