toutes les fois que vous entendrez le mot Prémisses…
Elle passa ainsi le soir à séparer ce qui devait périr avec elle et ce qu’elle devait planter dans le nouveau passé de Kleist. Puis quand le chromo officiel de sa vie fut épuisé, quand les troupes alliées eurent défilé sous l’Arc de Triomphe, et quand il ne resta plus en elle que ses défaillances, ses erreurs, ses mauvaises habitudes, elle se tut, gémit toute une nuit, ressembla soudain à la mort, ressembla pour la première fois à son fiancé futur et non passé et mourut…
Il était minuit. Tous les Français dormaient. Y compris
le million de mères que la guerre a privées de
fils. Y compris, dans les dortoirs de la Légion d’honneur,
groupées pour la surveillance autour de la
répétitrice qui ronfle sous sa tonnelle de mousseline, les
quatre élèves romantiques. La lune, pour une aussi
belle nuit, s’était arrangé à la paraffine des traits normaux.
À peine un futur clairon s’exerçait-il dans les
jardins lumineux sur un clairon d’argent. Tout dormait,
entre Rhin, Atlantique et Pyrénées, y compris,
car c’était le lendemain d’un dimanche d’élections
et de sport, les nouveaux conseillers généraux et les
nouveaux champions de longue paume. Y compris
Monet, Bergson, Foch… Dans une proportion défavorable
aux pyjamas et favorable aux chemises de
madapolam, les huit cent mille fonctionnaires dormaient,
gloire et douceur de l’État. L’égalité de la
nuit pénétrait par des millions de volets hermétiquement
clos et par cinq ou six fenêtres ouvertes le peuple