Page:Giraudoux - Simon le pathétique.djvu/173

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riuourms sur rarntrxgun 165

prouver que jamais deux jeunesses n’avaient été aussi différentes. Subitement, je l’inquiétais, je l’intriguais. Alors que tout, dans mes récits, p indiquait combien ma vie était tranquille et simple, — et je me plaisais justement, c’était un peu mon ridicule, à la lui peindre comme un chef-d’œuvre de clarté, d’heureux hasard, loin d’apprécier cette chance qui tenait tous les passages à niveau ouverts devant moi, elle tenait uniquement à connaître mes heures obscures, mes défaillances, mes ennemis. Je n’en avais pas. Je n’avais pas non plus été malade. on ne m’avait point opéré. Je continuais à étaler une conscience transparente et sur laquelle ne s’était penché aucun chirurgien, les jours même où elle me parlait plus bas, de plus près, comme s’il s’agissait de me faire avouer au moins des crimes. Ainsi je la décevais. De mon côté, j’apprenais par hasard qu’elle avait vécu six mois dans un couvent autrichien, habité en hiver aux Canaries, qu’elle savait monter à j ’cheval depuis un voyage au Caucase. Elle m’ar- ’ rivait chaque fois des pays les plus inattendus, il me semblait que le lieu de sa naissance, selon l’aimant du jour, changeât. Je n’avais séjourné que dans des capitales. Anne, au contraire,