Page:Giraudoux - Simon le pathétique.djvu/48

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land, l’immense grèbe, contre un nuage bien gonflé si le reste était impossible. Dans le jardin zoologique un seul fauve, une tigresse en furie, qui mordait ses barreaux, qu’on pouvait d’ailleurs lâcher, qui ne pouvait fuir, Copenhague étant dans une île. Les passants étaient sveltes et soigneux ; on me souriait ; à Elseneur, un vieux monsieur se leva même de son banc et se découvrit à mon approche. C’était la première fois qu’un étranger, un inconnu me saluait ; qu’un arbre, dans un continent nouveau, s’inclinait sur mon passage. Trop surpris, je répondis à peine au vieillard, mais depuis je n’ai plus perdu une occasion de parler avec dévouement de sa petite ville rouge, de son château dont l’ombre dérivait jusqu’au milieu du L Sund, d’Ophélie...

Je visitai encore l’Autriche, la Russie, l’Angleterre, servi par le hasard. Là je vis une émeute, là une guerre, là une paix magnifique et pesante. Ma vie devenait un livre de classe. J’en riais. Comme les deux enfants du Tour de France, qui arrivaient à Bourges le jour où l’on fondait le plus gros canon, à Valence le jour où éclos aient les vers à soie, dans Avignon le jour où les derniers castors français déci-