quelle langue disait-on : Achevez-moi ! J’hésitais à choisir, comme si je donnais par ce choix le signal, j’hésitais entre l’Allemagne et l’Autriche, l’Espagne et les États-Unis. La guerre, qui détachait soudain du blason des grands empires les animaux héraldiques et les faisait pour moi lutter silencieusement à mort, la licorne avec l’ours, l’aigle à une tête avec son collègue à trois têtes !… Puis je pensai, égoïstement, moindre émoi, pire tendresse, que peut-être deux petites nations seulement étaient en guerre, Cuba par exemple avec la Bolivie, le Pérou avec son voisin nord, l’Équateur comme front. Ou, s’il fallait à tout prix y mêler un peuple européen, peut-être n’était-ce que la Norvège contre Panama, le Danemark contre l’Uruguay… — Toutes les capitales, je prononçai leur nom tout haut, cherchant dans l’air un cadenas secret qui remuait parfois, impassible au mot Paris… Oui, c’était bien par le mot Copenhague, le mot Lima que j’ouvrais en moi une citerne de pitié ; pauvres Danois, hissant leurs canons pour une dernière résistance sur leur plus haute montagne, haute de cinquante-trois mètres ! pauvres mille Liméniennes, quand dans la rue de Lima résonnait le clairon qui annonçait les listes de morts fermant toutes à la même seconde leurs yeux immenses !… le me calmais un peu à confier la guerre à des
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