Page:Girault - Manuel de l'étranger à Dijon, 1824.djvu/489

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lui laissoit, étoit bien vite employé à resaisir ses pinceaux.

Naturam expellas furcâ, tamen usque recurret.

Il obtint cependant l’agrément de son père pour aller travailler à Paris comme garçon tailleur. Un jour qu’il étoit l’aiguille à la main sur l’établi, une personne dit en causant avec le maître, qu’elle auroit besoin de quelques tableaux pour décorer sa maison de campagne ; je me charge de vous les faire, interrompt Lallemand ; l’étranger se retourne, laisse tomber un regard de dédain sur le garçon tailleur, et sourit de pitié ; Lallemand se lève, jette son aiguille avec dépit, et s’écrie, comme le Corrège, et moi aussi je suis peintre. On le regarde avec un étonnement auquel succéda bientôt la confiance, on l’accepte pour peintre, il met la main à l’œuvre, et ses tableaux des saisons sont le signal des succès qui l’attendoient. Lallemand voulant connoître les chef-d’œuvres de l’Italie, fit le voyage de Rome ; les Cardinaux se disputèrent l’avantage d’occuper ses