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Page:Giroust - Illyrine - t3.pdf/299

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LETTRE CL.

Lise à Julie.


Ma chère Adèle, dans quel moment ta lettre m’est-elle arrivée ? Mon père venait d’expirer, et mon époux était agonisant. Me voici orpheline et veuve ; une maladie épidémique, que l’on nomme Millet, règne ici depuis quinze jours : tout le monde meurt en foule. Ne m’écris plus ici, j’en pars à l’instant ; je ramasse à la hâte mes effets, et je me sauve de ce pays de morts et de mourans. Je m’éloigne des tristes débris qui affligent mon ame : puisque je n’ai pu suivre au tombeau mes bons amis, mon père et mon époux, c’est dans le sein de mon amie que je vais répandre mes larmes ; elle saura les rendre moins amères : elle a connu ceux que je regrette, j’aurai le douloureux plaisir d’en parler encore avec elle. Je pars, je pars ; mais je ferai la quarantaine à St,- Germain avant que de me rendre à Paris. Je ne veux pas vous porter un