Page:Glénard - De la sangle pelvienne contre l’entéroptose.djvu/38

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D’ailleurs, c’est bien ainsi que la femme et même la Mode l’ont compris. La mode actuelle, inspirée de la théorie de l’Entéroptose Dr O’Followell. Le corset, ch. X, sixième période ou période médicale de l’histoire du corset, Paris, Maloine, 1905, 222 p.</ref> a substitué depuis plusieurs années le corset « droit », que j’appelle pelvi-thoracique, à l’ancien corset « cambré devant » ou corset susombilical, après avoir un moment adopté un corset sous-ombilical (corset du Dr  Mme Gaches-Sarraute), sorte de sangle pelvienne, rigide et baleinée, surélevée en arrière et écrasant l’hypogastre.

Le corset « pelvi-thoracique », adopté actuellement, réalise très certainement un grand progrès sur l’ancien corset « sus-ombilical », puisqu’il contient l’hypogastre et qu’il ne permet pas à la femme de se serrer autant la taille. Il réalise également un progrès sur le corset « sous-ombilical », puisque, tout en contenant l’hypogastre, il répond à sa mission esthétique de dessiner et au besoin corriger la taille et soutenir les seins. Avec le corset « sous ombilical », les femmes avaient dû sacrifier leur profil féminin et adopter pour en dissimuler les défauts cette blouse bouffante qui formait une voussure régulière du cou au pubis ; une fois là, cette courbe se repliait en arrière et en haut pour rejoindre la taille à l’ombilic, formant ainsi au-devant de l’abdomen une bosse conique et pendante, comme celle de Polichinelle. Vraiment la genèse des modes est toujours curieuse à déterminer !

Cependant on peut adresser au corset « pelvithoracique » les reproches suivants : 1o Par la rigidité de son tissu, il s’oppose à la mise en jeu de l’expansibilité, soit de l’épigastre, soit de l’hypogastre, pendant le travail digestif, au cours des profondes inspirations, dans la flexion du corps en avant, dans la station assise, etc. ; 2o Par sa constitution en une seule pièce, engainant tout l’abdomen en un fourreau inextensible, il enlève toute grâce, toute souplesse aux mouvements du tronc, il empêche tout mouvement de flexion en avant ; 3o Il ne peut être fait que sur mesure et se trouve ainsi d’un prix inabordable pour le plus grand nombre des femmes.

À deux reprises, en 1887 et, avec toute la publicité désirable, en 1902, j’ai proposé le type de corset que je crois le meilleur ; « tous les corsetiers, dit le Dr O’Followell, se sont plus ou moins recommandés de cette invention (la ceinture de Glénard qu’il vient de décrire en son excellent travail sur le corset) pour créer ou prôner certains de leurs modèles les plus récents » ; mais aucun n’avait réussi à atteindre le but que je proposais, lorsque se présenta à moi, en 1904, un spécialiste bien connu, M. Abadie-Léotard, qui, à son expérience technique de fabricant de corsets, joint la qualité médicale d’ancien interne adjoint des hôpitaux de Bordeaux, « évadé » de la médecine.

Je le vis pour la première fois il y a quelques mois. Il venait me soumettre une brochure qu’il avait récemment publiée sur la théorie et l’application d’un bon corset (Paris, Naud, 1904). Dans ce travail, exclusivement scientifique et fort intéressant, je voyais, pour la première fois aussi, un fabricant de corsets se placer loyalement sous l’égide de mes publications ; jusque-là, aucun de ceux qui, s’inspirant de mon œuvre, avaient tenté la rénovation du corset, n’avait même cité mon nom.

Le corset de M. Abadie-Léotard, bien que se rapprochant le plus près de celui dont j’ai formulé la théorie et indiqué la forme, ne réalisait pas encore le type que j’ai décrit (Traitement de l’Enteroptose, Lyon médical 1885-1887. — Le vêtement féminin et l’hygiène. Conférence à l’Association française pour l’avancement des sciences à Paris. Comptes rendus. 1902). Le corset que je conseille exige une combinaison spéciale d’une sangle avec un corset ; cette combinaison, en vain cherchée jusqu’ici, doit-être agencée de telle sorte que, tout en étant reliés entre