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de l’écriture sainte.

libérateur du genre humain. Ce dernier but est comme le plan général de toute l’Ecriture ; les Livres sacrés, quoique composés par divers auteurs et à de grands intervalles de temps, conspirent néanmoins tous à cette unité de dessein. Or, ce plan admirable commence à paraître dès la chute de l’homme : le Messie est la semence qui doit écraser la tête du serpent. Ce Messie est encore rappelé à Abraham, à Isaac et à Jacob, lorsque Dieu leur dit, qu’en cette semence doivent être bénies toutes les nations de la terre. Il est plus développé par les prophètes, et surtout par Isaïe, qui semble être évangéliste plutôt que prophète ; et il se trouve accompli en Jésus-Christ, qui vient sauver le genre humain, et répandre dans tout le monde la connaissance du vrai Dieu.

6. Le style des écrivains sacrés est surtout remarquable par sa sublimité. La manière élevée et pleine d’enthousiasme dont ils parlent de Dieu, ou le font parler lui-même, leur est propre et ne se trouve nulle part ailleurs. Homère, Virgile, Horace, sont froids à côté de Moïse, de Job, d’Isaïe, de David et des autres prophètes. Les poètes orientaux eux-mêmes, que la langue, l’imagination et le climat rapprochent davantage des poètes hébreux, en sont à une distance incommensurable pour l’enthousiasme et la sublimité. Aussi Ravius a-t-il voulu prouver la divinité de la poésie hébraïque par son excellence et les littérateurs et les poètes les plus distingués de tous les temps et de tous les pays se sont-ils tous efforcés de montrer la sublimité des poètes hébreux ; nous citerons seulement, comme pouvant plus facilement être consultés, Bossuet, Fénelon, Rollin, Le Batteux, et Fleury en France, R. Lowth en Angleterre, Ancillon, Herder, Eichhorn en Allemagne.

7. Ce qui est propre à ces divins Livres, c’est qu’ils rapportent de vrais miracles et de véritables prophéties, dont le but est d’autoriser et de justifier la doctrine qu’ils contiennent. Et d’abord de vrais miracles : car, puisqu’il est démontré que Moïse est l’auteur du Pentateuque, il a donc pris les Juifs de son temps à témoin des plaies d’Égypte, du passage de la mer Rouge, de la manne tombée du ciel, et des autres prodiges du désert, comme ayant été opérés sous leurs yeux, et qui plus est, il a obtenu créance de leur part. Or, comment supposer qu’un homme de bon sens comme était certainement Moïse, ait pris à témoin plusieurs millions de personnes d’événements publics, notoires et tout à fait extraordinaires, qui n’auraient cependant jamais existé ? Comment, par des mensonges aussi palpables et dont les hommes les plus ignorants eussent pu facilement découvrir l’imposture, aurait-il pu acquérir assez d’autorité pour les gouverner, pour les châtier malgré leurs murmures, et pour leur imposer des lois extrêmement onéreuses ? Ainsi il faut que ces événements miraculeux soient réellement arrivés. Il doit en être de même des autres prodiges rapportés dans nos Livres saints. C’étaient des faits publics et importants qui ont obtenu créance, quoique écrits dans le