Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/375

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était ressuscité, qu’il était monté au ciel pour nous y préparer une place, qu’il avait réellement opéré tous les miracles rapportés dans les Evangiles. Tel est donc le sens légitime et vrai du Nouveau Testament, et tous les efforts des nouveaux exégètes ne sauraient l’altérer. Ce consentement unanime des églises primitives par rapport aux points de doctrine du Nouveau Testament et aux faits substantiels de la religion, est comme un rocher contre lequel viendront se briser toutes les nouvelles interprétations des protestants, des sociniens et des rationalistes.

4. On ne doit jamais supposer, surtout dans les histoires écrites dans le style le plus simple, des tropes insolites et extraordinaires ; on ne doit pas non plus admettre des ellipses ou des réticences que le contexte n’exige pas ; la profondeur des choses exprimées, leur incompatibilité apparente avec nos idées, n’est pas une raison de le faire, autrement il n’y aurait rien de fixe dans le langage humain. L’usage commun du discours, le contexte, le but de l’auteur, et les autres circonstances, sont les seuls moyens qui doivent servir à déterminer le sens des paroles d’un livre quelconque. Et de ce qu’un mot peut avoir quelquefois certaine signification étrange dans les auteurs orientaux, chez les Grecs ou les Latins, il est contre toutes les règles du bon sens de l’attribuer aux écrivains sacrés, uniquement parce qu’il est nécessaire pour faire disparaître un miracle ou un mystère : surtout quand toute l’antiquité lui a donné la signification propre et ordinaire. Or, voilà néanmoins ce que font les nouveaux exégètes : ils violent donc les lois d’une sainte herméneutique.

Mais développons un peu et prouvons ces reproches que nous faisons aux protestants, aux sociniens et aux partisans de la nouvelle exégèse. D’abord les protestants n’ont-ils pas, contre l’usage du discours et l’autorité de toute l’antiquité, introduit un trope dans les paroles et l’institution de l’Eucharistie ? Les sociniens, qui, par des tropes et des métaphores dont ils ne peuvent justifier l’usage, anéantissent les dogmes les plus importants du christianisme, tels que la Trinité, la divinité de Jésus-Christ, le mérite de la satisfaction, crus de tout temps dans l’Eglise, ne violent-ils pas toutes les lois du discours, et ne pèchent-ils pas contre le bon sens, en prétendant mieux entendre la doctrine des apôtres que leurs propres disciples, et que les églises qu’ils ont fondées ? Enfin nos rationalistes allemands, qui ne voient rien que de naturel dans les miracles les plus éclatants de l’Evangile, sont obligés de dire que les écrivains sacrés se sont grossièrement trompés en prenant pour des miracles les événements les plus simples et les plus communs, ou qu’ils se sont expliqués dans un langage si bizarre et si extraordinaire, que tous les chrétiens s’y sont trompés, et qu’il n’y a que les lumières de la nouvelle exégèse qui ont pu donner le véritable sens de leurs paroles. Or, la première supposition détruit toute l’autorité du témoignage des apôtres, et la seconde est une absurdité palpable ; car comment oser prétendre