Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
de la canoncité de l’écriture sainte.

exerçait sur les prophètes par la bouche desquels il voulait exprimer ses oracles[1].

2o Le mouvement pieux n’a pu suffire aux écrivains sacrés pour composer leurs ouvrages, puisqu’il n’a pu leur communiquer le don de l’infaillibilité qu’ils ont incontestablement reçu ; parce qu’un écrit ne saurait passer pour sacré, si l’on n’avait pas une assurance entière que l’auteur n’a pu être ni trompé ni surpris.

3o La simple assistance du Saint-Esprit, sans inspiration, était aussi un secours insuffisant, comme nous venons de le prouver dans l’avant-dernière proposition.

4o Les écrivains sacrés ont dû être favorisés du secours de la révélation, au moins dans la composition de cette partie de leurs ouvrages qui contient les mystères et les événements futurs, dont ils ne pouvaient acquérir la connaissance par leur sagacité naturelle. Car nous ne saurions nous persuader que la révélation proprement dite leur a été nécessaire pour toutes les choses qu’il nous ont transmises, puisqu’il en est un grand nombre qu’ils connaissaient certainement par le témoignage des hommes, ou par quelque autre voie naturelle, comme ils nous l’assurent eux-mêmes. Saint Luc, en effet, ne dit pas qu’il raconte ce que Dieu lui a révélé, mais ce qu’il a appris lui-même de ceux qui dès l’origine ont été les témoins oculaires des faits qu’il rapporte[2], et saint Jean déclare qu’il annonce les choses qu’il a vues de ses yeux, ce qu’il a entendu, et ce qu’il a touché de ses propres mains[3].

5o Puisque l’Ecriture sainte est la parole même de Dieu, et qu’elle a été composée par son ordre et sous la direction de son Esprit, elle doit être la règle de notre foi et de nos mœurs, c’est-à-dire que nous devons croire tout ce qu’elle nous enseigne, et soumettre notre conduite à ce qu’elle nous prescrit.




CHAPITRE TROISÈME.
de la canoncité de l’écriture sainte[4]

Par la canonicité d’un livre, il faut entendre, comme nous le dirons dans ce chapitre même, son insertion dans le canon ou catalogue des

  1. Comparez Num. xxiv, 2. 1 Sam. x, 6, 10. xix, 20, 23. Jes. xLii, 1. Lix, 21. Os. ix, 7.
  2. Luc. i, 2, 3.
  3. 1. Joan. I, 1.
  4. La plupart des questions qui regardent la canonicité des Livres saints ont été très-bien traitées dans Sessio quarta Concilii Tridentini vindicata, seu Introductio in Scripturas deutero-canonicas Veteris Testamenti in tres partes divisa per sacerdotem Aloysium Vincenzi, Romæ, typis S. C. de Propaganda Fide, 1842, 2 vol.  in-8o, mais surtout dans la Lecture de la sainte Bible en langue vulgaire, jugée d’après l’Ecriture, la Tradition et la saine raison, par J.-B. Malou, Louvain 1846, 2 vol.  in-8o ; car, pour réfuter plus complètement les diverses erreurs des protestants relatives à la lecture de la Bible, il fait une histoire critique du Canon des Livres saints de l’Ancien Testament ; histoire dans laquelle il montre d’une manière plus développée (que nous n’avons pu le faire nous-même dans cette Introduction) la conformité du Canon publié par le Concile de Trente avec celui qui a toujours été reconnu et admis dans l’Église universelle.