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de l’écriture sainte.

que sur les vingt-deux livres sacrés des Juifs, Moïse en a composé cinq ; que, depuis Moïse jusqu’à Artaxerxès, les prophètes en ont écrit treize ; et qu’il y en a quatre autres qui contiennent des hymnes à la louange de Dieu et des préceptes de conduite pour les hommes. Il paraît certain que les quatre livres qui constituent la troisième classe sont les Psaumes, les Proverbes, l’Ecclésiaste et le Cantique des cantiques.

Quoique Jésus-Christ cite quelquefois tout l’Ancien Testament sous la dénomination de Loi, comme dans saint Jean, x, 34, ou de Prophètes, comme en saint Luc, xviii, 31, conformément au langage des Juifs hellénistes, il distingue parfaitement ailleurs les trois classes, quand il dit au chapitre xxiv, verset 44 de saint Luc, que la Loi, les Prophètes et les Psaumes rendent témoignage de lui.

L’auteur du Prologue qui est en tête de l’Ecclésiastique, tout en re- connaissant la distinction des trois classes qui déjà de son temps formaient le Canon des livres sacrés, ne détermine la troisième par aucun nom en particulier ; car il dit seulement : La Loi, les Prophètes (ou les Prophéties, selon le grec), et les autres livres[1].


QUESTION DEUXIÈME.
Quelle est l’origine du Canon actuel des Juifs ?

En disant d’une manière générale, pages 43, 44, que de graves erreurs avaient été soutenues par rapport à la canonicité des livres saints, nous nous étions réservé de les faire connaître quand il en serait besoin. La question présente nous offre l’occasion et d’en signaler et d’en combattre quelques-unes.

Spinosa prétend que la collection des livres saints n’a point été ter- minée avant le temps des Machabées[2]. Richard Simon suppose qu’il y à toujours eu parmi les Juifs, et même encore après Esdras, des scribes publics, qui conservaient dans leurs archives les écrits sacrés, publiaient ceux qu’ils voulaient, dans un ordre assez arbitraire, ajoutaient et retranchaient ce qui leur plaisait[3].

Plusieurs critiques de nos jours veulent que ce ne soit pas au temps d’Esdras que le Canon des Ecritures se trouva clos, mais après lui, et qu’il a été formé peu à peu, sans intention bien arrêtée, et même par accident. C’est l’opinion surtout de Bertholdt et De Wette [4]. Tout en

  1. Voici ses propres mots : Ὁ νόμος καὶ αἱ προφητεῖαι καὶ τὰ ἂλλα πάτρια βιβλία : ou bien, ce qui revient au même, au lieu de καὶ τὰ ἂλλα βιβλία, il dit καὶ τὰ λοιπὰ τῶν βιβλιῶν.
  2. Spinosa, Tract. theol. polit.  c. X.
  3. R. Simon, Hist. crit. du V. T. l. I, ch. II.
  4. Bertholdt, Einleit. Tom. I, p. 70 et suiv. De Wette, Einleit. § 13, 14.