1. Sérarius prétend que les Juifs avaient fait depuis Esdras un nouveau Canon des Ecritures, dans lequel ils avaient introduit les livres de Tobie, de Judith, de l’Ecclésiastique, de la Sagesse et des Machabées[1].
2. Génébrard veut qu’il y ait eu chez les Juifs trois Canons différents, le premier formé du temps d’Esdras ; le second, qui fut composé dans l’assemblée tenue, selon lui, quand on délibéra pour envoyer les soixante-douze interprètes à Ptolémée Philadelphe, et dans lequel on ajouta aux livres contenus dans le premier, Tobie, Judith, l’Ecclésiastique, la Sagesse ; et le troisième, dans lequel une autre assemblée, réunie pour condamner les sadducéens, inséra les livres des Machabées[2].
Ces deux opinions ne nous paraissent pas admissibles ; en voici la raison :
Pour être autorisé à supposer qu’il y a eu après Esdras un ou plusieurs autres Canons des Ecritures, il faudrait au moins trouver dans l’histoire ou dans les pères quelques passages favorables à cette supposition : or, non-seulement nous n’en rencontrons aucun de ce genre, mais il s’en offre au contraire plusieurs qui en font voir la fiction et la fausseté, comme l’a si justement remarqué Martianay[3].
1. Joseph dit en termes exprès que les Juifs ne reconnaissent que les vingt-deux livres sacrés qui ont été composés jusqu’au règne d’Artaxerxès, et qu’ils n’ajoutent pas la même foi à ceux qui ont été écrits depuis cette époque[4]. Or Joseph n’aurait pas pu faire une pareille assertion, si les livres de Tobie, de Judith, etc., avaient passé pour canoniques dans sa nation. On peut faire la même réflexion par rapport à saint Jérôme et à saint Epiphane ; jamais ces saints docteurs n’auraient assuré, sur l’autorité des Juifs de leur temps, que le Canon des Ecritures ne contenait que vingt-deux livres, et que tous les écrits qui n’étaient pas de