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Page:Glaser - Le Mouvement littéraire 1912.djvu/240

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226 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

outre, le rare mérite de signifier quelque chose. Ce sont bien, en effet, les amours de Paris qui défilent dans ce volume, soigneusement rangées en vingt nouvelles qui se déroulent dans les vingt arrondissements de la grand* ville. Au premier regard, c'est là une division qui peut paraître assez arbitraire : ou bien Tamour est un, ou bien, il a tant de figures diverses qu'il est singulier de vouloir les limiter à vingt. Et pourtant, il y a une idée ingénieuse et juste dans cette division : il est certain qu'on n'aime pas de la même façon, ni les mêmes gens, à Grenelle, aux Champs-Elysées, ou à la Villette; et M. Jules Claretie affirme, dans la jolie préface qu'il a donnée au livre, qu'il y a une grande part de vérité dans cette division de l'amour : « Dis-moi où tu vis et je te dirai qui tu aimes. »

En tous cas, cette idée, même si l'on persiste à la trouver un peu arbitraire, nous a valu vingt nouvelles tout à fait agréables et jolies, quelques-unes vraiment émouvantes et supérieures, telle cette histoire d'amour qui se déroule aux Quinze- Vingts, « les yeux fermés »; telle encore cette terrible aventure du Don Juaa moderne qui, après sa dernière faute, son dernier crime, s'en va se briser le crâne contre la pierre du monument aux morts du Père-Lachaise : Et in pulverem reverteris.

Dans cette promenade sentimentale à travers la ville, le « long des cœurs de Paris », M. Adolphe Aderer n'a pas seulement raconté des drames, il a évoqué des décors avec un art très pittoresque et une grande science de l'histoire de Paris.

Ainsi, ce joli volume romanesque apparaît en même temps comme un tableau historique et pittoresque des quartiers parisiens; c'est, pour reprendre la jolie expres- sion de M. Jules Claretie : « Un géographe du cœur humain qui a tracé la carte du Tendre de notre Paris moderne, »